« [Mlle Vatnaz]
était une de ces célibataires parisiennes qui, chaque soir, quand
elles ont donné leurs leçons, ou tâché de vendre de petits
dessins, de placer de pauvres manuscrits, rentrent chez elles avec de
la crotte à leurs jupons, font leur dîner, le mangent toutes
seules, puis, les pieds sur une chaufferette, à la lueur d'une lampe
malpropre, rêvent un amour, une famille, un foyer, la fortune, tout
ce qui leur manque. Aussi, comme beaucoup d'autres, avait-elle salué
dans la Révolution l'avènement de la vengeance ; – et elle se
livrait à une propagande socialiste effrénée.
L'affranchissement du
prolétaire, selon la Vatnaz, n'était possible que par
l'affranchissement de la femme. Elle voulait son admissibilité à
tous les emplois, la recherche de la paternité, un autre code,
l'abolition, ou tout au moins « une réglementation du mariage
plus intelligente ». Alors chaque Française serait tenue
d'épouser un Français ou d'adopter un vieillard. Il fallait que les
nourrices et les accoucheuses fussent des fonctionnaires salariés
par l'État ; qu'il y eût un jury pour examiner les œuvres des
femmes, des éditeurs spéciaux pour les femmes, une école
polytechnique pour les femmes, une garde nationale pour les femmes,
tout pour les femmes ! Et puisque le Gouvernement méconnaissait
leurs droits, elles devaient vaincre la force par la force. »
Flaubert, L'éducation
sentimentale.
Cher Loïc,
RépondreSupprimerSantiago Espinosa vous a laissé un mot sur mon blogue.
À vous,
FS